Comment savoir si l’on est bipolaire ?

Vous pensez être bipolaire mais vous n’en êtes pas sure ? Voici tout ce qu’il faut savoir sur la bipolarité et comment la soigner.

personne bipolaire signes

Est-ce que lorsque vous vous sentez triste, l’ensemble du monde vous paraît moins joyeux ou moins digne d’intérêt ? À l’inverse, avez-vous déjà fait l’expérience d’un sentiment de joie intense, lorsque l’on tombe amoureux et avez-vous redécouvert les choses qui vous entouraient à cette période, comme si tout d’un coup tout votre environnement vous émerveillait ? Si c’est le cas, alors vous avez déjà testé les fluctuations de votre humeur ou autrement dit, avez déjà été dans un état bipolaire : variant d’un extrême à l’autre, d’un pôle à l’autre.

Même s’il est tout à fait normal que notre humeur varie dans le temps ou en intensité, il peut y avoir des dysfonctionnements de l’humeur chez certaines personnes. Ce problème de santé mentale porte un nom : la bipolarité, aussi appelé le trouble bipolaire.

Combien de personnes en France sont bipolaires ?

Ce trouble psychiatrique est un des plus incapacitants pour la vie des personnes qui en souffrent d’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Cette variation chronique de l’humeur est complexe à évaluer car les manifestations de chaque état (positif ou négatif) sont différentes. Les personnes bipolaires alternent donc des phases d’humeur très diminuée (phase dépressive) et des phases d’humeur très élevée (phase maniaque).

En France, les experts estiment qu’entre 1% et 2,5% de la population adulte souffre de symptômes bipolaires au cours de sa vie, soit entre 450 000 et 1 million de personnes bipolaires. Pour être diagnostiqué bipolaire, il faut présenter des phases dépressives puis maniaques ou hypomaniaques (formes atténuées de la manie) de manière cyclique.

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Les différents types de bipolarité

Il existe deux grands types de bipolarité :

Le type 1

Il est caractérisé par un épisode maniaque clairement identifié. Cet épisode s’alterne avec un épisode dépressif et ainsi de suite.

Le type 2

Ce type se caractérise par l’absence d’épisode maniaque. Si vous en souffrez, vous alternez des épisodes dépressifs avec des épisodes hypomaniaques.

bipolarité

Quels sont les symptômes du trouble bipolaire ?

En cas de trouble bipolaire, les épisodes dits « maniaques » peuvent engendrer une activité très intense et une impression de puissance. Puis, la personne connaît une phase dépressive caractérisée par une tristesse, un rythme de vie perturbé, voire un sentiment de « nullité ».

Comment reconnaît-on un épisode maniaque du trouble bipolaire ?

Selon la 5ème édition du Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux (DSM-5), “un épisode maniaque est défini comme une période nettement délimitée d’élévation de l’humeur ou d’humeur expansive ou irritable ou d’une augmentation de l’activité ou de l’énergie”. Un épisode maniaque du trouble bipolaire survient chez une personne jusque-là sans problème psychique, mais il est souvent précédé de symptômes annonciateurs :

  • une facilité dans les échanges sociaux ;
  • une impression agréable d’énergie décuplée, de créativité ;
  • un sentiment d’euphorie, d’exaltation.

Toutefois, dans ces moments, une certaine irritabilité est aussi possible. Puis, durant l’épisode maniaque lui-même, la personne présente au moins trois des symptômes suivants :

  • un accroissement des activités sociales, professionnelles ou sexuelles, qui deviennent parfois très intenses ;
  • une difficulté à maintenir l’attention (tendance à passer « du coq à l’âne ») ;
  • une implication dans des actes agréables, mais dont les conséquences peuvent être néfastes (achats inconsidérés, rapports sexuels non protégés, etc.) ;
  • une plus grande capacité à communiquer, créant un besoin de parler constamment, en produisant parfois un discours rapide que personne ne peut suivre (« fuite des idées ») ;
  • une réduction du besoin de sommeil et des insomnies (en dépit de l’hyperactivité)
  • un sentiment exagéré de puissance, de grandeur, ou une augmentation de l’estime de soi, sans regard critique.

Ces symptômes peuvent s’accompagner :

  • d’hallucinations (le patient entend ou voit des choses qui n’existent pas)
  • d’un délire (la personne croit fermement quelque chose qui n’est pas vrai).

Ces manifestations ont un lourd impact sur la vie familiale, sociale et professionnelle. Un épisode maniaque classique dure plus d’une semaine et en général quatre à huit semaines. Il conduit souvent à proposer une hospitalisation, pour traiter (voire protéger) la personne malade.

En début de la maladie, les épisodes dépressifs peuvent être totalement absents. C’est pourquoi on peut poser le diagnostic de trouble bipolaire après un seul épisode maniaque caractérisé.

Comment se manifeste un épisode dépressif du trouble bipolaire ?

Un épisode dépressif d’un trouble bipolaire associe typiquement, sur plus de deux semaines, des symptômes comme :

  • une perte d’intérêt pour les activités quotidiennes
  • une tristesse, un sentiment de vide.

De plus, la personne concernée présente au moins quatre des signes suivants :

  • des difficultés à se concentrer ou à prendre des décisions ;
  • des insomnies, ou à l’inverse, un besoin de dormir excessivement ;
  • une perte d’appétit ou de poids, ou au contraire, une tendance à grossir ;
  • un sentiment de nullité, une mésestime de soi ;
  • une sensation de vivre au ralenti, ou à l’opposé, d’avoir du mal à « rester en place ».

Ces symptômes peuvent aussi s’accompagner de pensées de mort, voire d’idées suicidaires. Les épisodes dépressifs durent en général plus longtemps que les épisodes maniaques. En moyenne, en l’absence de traitement, ils peuvent se prolonger pendant six mois.

delires hallucinations

Les autres symptômes du trouble bipolaire

Parfois, le trouble bipolaire donne lieu à des symptômes particuliers :

Les symptômes de délire

Chez certains patients, souvent les jeunes, les symptômes de délire prédominent. Ces malades imaginent des choses et interprètent des événements de manière erronée. Ils peuvent aussi :

  • développer une mégalomanie (sentiment de supériorité excessif)
  • se sentir persécutés ou formuler des revendications.

Ces manifestations sont parfois source de confusion entre le trouble bipolaire et d’autres maladies psychiatriques, ayant des symptômes similaires.

Modification subite de l’humeur

Chez d’autres personnes, l’humeur se modifie très rapidement, dans un sens ou dans l’autre. Des phases maniaques et dépressives peuvent ainsi se succéder durant une même journée. Parfois, excitation et dépression surviennent même simultanément. Dans ces situations, qui compliquent aussi la reconnaissance du trouble bipolaire, on parle d' »épisodes mixtes ».

Certains malades présentent également des épisodes dépressifs de très forte intensité, ou « mélancolie » avec douleur morale et idées suicidaires. Ces états font l’objet de traitements spécifiques.

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Comment soigner un trouble bipolaire ?

La prise en charge d’un trouble bipolaire fait intervenir différents professionnels, à savoir :

  • le médecin généraliste ;
  • le médecin psychiatre ;
  • les infirmiers ;
  • un thérapeute spécialement formé ;
  • certains spécialistes, tels qu’un endocrinologue, un cardiologue, etc. ;
  • un psychologue ;
  • les travailleurs sociaux ;
  • les aides à domicile ;
  • les éducateurs.

Le traitement de fond du trouble bipolaire

La prise en charge des troubles bipolaires s’appuie sur un traitement de fond qui doit être pris pendant des années, voire toute la vie. Celui-ci comprend :

  • des médicaments régulateurs de l’humeur pour soigner les maladies du système nerveux ou des traitements utilisés pour d’autres affections psychiatriques
  • certains antipsychotiques administrés durant les épisodes maniaques, pour réduire les manifestations telles que le délire ou les hallucinations.
  • des antidépresseurs dans les épisodes dépressifs, en association avec un régulateur de l’humeur pour éviter la survenue d’un épisode maniaque.

Ce traitement de fond a pour objectif d’améliorer la qualité de vie des malades en réduisant la fréquence et l’intensité des cycles, en stabilisant l’humeur et en évitant les récidives.

Quand le traitement de fond est efficace, l’intensité et la fréquence des cycles maniaco-dépressifs diminuent de manière significative. La personne peut alors retrouver une vie normale. Après plusieurs mois de traitement, les cycles peuvent s’espacer jusqu’à disparaître complètement.

Suivi psychologique

En complément de ce traitement à long terme, un soutien psychothérapeutique permet aux patients et à leur famille de mieux vivre avec la maladie et de mieux comprendre les traitements. En effet, il est important d’apprendre à connaître la maladie et à savoir identifier les symptômes maniaques et les symptômes dépressifs, afin de consulter rapidement en cas de survenue.

Il est à noter qu’une hospitalisation peut être souhaitable quand le patient :

  • présente un risque suicidaire élevé ;
  • se met en danger ;
  • manifeste une agressivité envers les autres ;
  • présente des troubles graves du comportement, en particulier s’il est en épisode maniaque.

Conseils hygiéno-diététiques

En complément du traitement de fond et de la psychothérapie, il est recommandé aux personnes atteintes d’un trouble bipolaire d’adopter une bonne hygiène de vie :

  • dormir suffisamment ;
  • limiter les décalages horaires ;
  • apprendre à gérer les situations de stress ;
  • être vigilant en cas de travail trop intense sur une longue durée ;
  • éviter la cigarette, la consommation d’alcool, de cannabis ou d’autres drogues ;
  • pratiquer une activité physique régulière et adaptée ;
  • manger sainement, afin de prévenir une prise de poids, parfois liée au traitement.

Vous savez désormais toutes les informations importantes sur le trouble bipolaire.

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